Chapitre 1

Les Greystone

Aujourd'hui c'est décidé, je vous dis tout. Tout sur moi, mon passé et ... mes pouvoirs.

Je m'appelle Théa, j'ai 17 ans et je suis une sorcière.

Une sorcière ... même à moi ça m'a fait un choc quand ma mère me l'a annoncé il y a 7 ans. Car oui, c'est à 10 ans que nos pouvoirs se déclarent, et souvent violemment.

Pour moi, ce fût l'incendie de la voiture de notre voisin qui, 1 mois auparavant, avait renversé notre chien. Ma mère était à la fois calme, dans sa façon de gérer la situation, et inquiète de l'impact que ça aurait sur mon moral.

Elle m'expliqua que notre lignée remontait à l'année 1680, que nos pouvoirs ne pouvaient se transmettre que de mère en fille et que chaque génération voyait naître une sorcière plus puissante que la précédente. La première des femmes Greystone utilisait sa magie pour guérir les gens. Lorsqu'elle fut accusée de sorcellerie, avant d'être brûlée vive, elle jura que chaque femme de sa lignée se verrait dotée de dons toujours plus puissants. Jusqu'à l'arrivée d'une sorcière si redoutable qu'elle fera la différence entre le bien et le mal. A la suite de ça, notre famille a dû s'exiler dans un autre pays afin de ne pas disparaître.

Depuis ce fameux incendie, ma mère me transmet tout son savoir persuadée que j'étais la fille de la prophétie. Depuis mes 10 ans, elle me faisait l'école à la maison estimant que le monde extérieur était trop dangereux et que je ne contrôlais pas suffisamment mes pouvoirs.

Le 17 octobre 2096, jour de mes 16 ans, un événement qui allait tout changer se produisit. Une chose qui allait enfin me permettre de sortir, fréquenter des jeunes de mon âge, aller au lycée, bref avoir un semblant de vie normale.

Amalrik, a débarqué chez nous. C'était un gardien de l'ordre des Manfred, ils sont chargés de la protection de ma famille depuis la première sorcière. En effet, les deux originels Rolf et Astrid (mon ancêtre) étaient très amis et Rolf la protégea tant qu'il put. Le jour où Astrid fût arrêtée, elle lui confia sa fille en lui faisant promettre de la protéger, elle et ses descendants. Rolf assura ce rôle et forma son fils à la protection de la lignée Greystone.

Amalrik Campbell, âgé seulement d'un an de plus que moi, avait été envoyé d'Écosse pour me protéger. Je saisi l'occasion pour demander à ma mère l'autorisation d'aller au lycée.

Durant les semaines de "réflexion" de ma mère, Rik m'entraînait au combat et à la maîtrise de mes pouvoirs. Chaque jour, j'assimilais une nouvelle technique de combat et je les maîtrisais à la perfection. Mais je ne comprenais pas l'intérêt de ces entraînements.

- "Tu peux m'expliquer, à quoi ça sert. J'ai ma magie, je ne pense pas avoir besoin de connaître toutes ces techniques."

- "Crois moi, parfois il est plus facile d'utiliser la force que la magie. Et si tu es la sorcière que nous attendons depuis plus de 400 ans, tu auras besoin de tous les moyens de te protéger."

- "Tu penses vraiment qu'elle a raison ?"

Il plongea longuement son regard dans le mien.

- "Oui, je le pense."

Un pic d'adrénaline envahi mon corps. Comment les deux personnes qui me connaissent peuvent penser que je suis la Valdes. Après tout je suis une jeune fille sans grand intérêt, pas sûre d'elle et parfois je me dis que le monde se porterait mieux sans moi, sans le risque que mes pouvoirs dérapent et que je provoque un malheur.

- "Tu te trompes et ma mère aussi. Je ne suis pas cette personne, je suis incapable de maîtriser mes pouvoirs, je ne comprends pas ce que vous voyez en moi. Je ne peux pas être la Valdes, ce n'est pas moi, on arrête." Les mots sortaient de ma bouche sans que je puisse les contrôler.

- "Calme-toi." Rik avait pris ma tête entre ses mains et me fixait avec sérieux.

- "Je te propose un truc. Regarde-moi dans les yeux. Si tu arrives à lire dans mon esprit, tu continues, sinon on arrête et je continuerai quand même à veiller sur toi, ok ?"

- "Ok ... mais comment je fais ?"

- "Tu te détends, ne quitte pas mon regard. Concentre-toi sur ce que tu veux. Visualise un lien. Nous avons créé une relation de confiance. Tu peux y arriver."

Je suivi chacune de ses directives plongeant mon regard dans le sien. Au bout de quelques secondes, le lien dont il parlait m'apparus comme un fil doré. En le suivant, je me dirigeais vers l'âme et les pensées de Rik. Le choc de ce que j'y découvris faillit me faire perdre le contrôle.

C'était moi, fixant Rik, mes yeux étaient bleu océan, or j'ai les yeux noisette. Je n'y comprenais rien. Je ne m'étais jamais vu pratiquer la magie. Je décidais de continuer, et ce que je découvris me réchauffa le cœur. Je savais ce qu'il pensait réellement de moi. Il me voyait comme une personne intelligente, belle, talentueuse et il était persuadé que je sauverai le monde car, pour lui, j'étais l'Élue ... la Valdes.

Je rompis le lien, les yeux remplis d'émotion.

- "Je n'arrive pas à y croire."

- "Quoi donc ?"

- "Ça fait seulement quelques semaines que tu me connais. Comment peux-tu me voir ainsi ?"

- "C'est facile. Je te vois tel que tu es. Il est souvent difficile pour une personne de se voir réellement. Mais moi je sais qui tu es et je ne me suis pas trompé. Je n'ai jamais douté de ta réussite. Tu es la Valdes, la personne qui sera plus puissante que toutes les sorcières précédentes."

Je m'assis dans le canapé, sans aucune grâce, et réfléchis à ses paroles.

Pourquoi moi ? Cette question n'arrêtait pas de se répéter. Qu'est ce qui a pu faire croire au Destin que j'étais prête à assurer ce rôle ?

En voyant mon désespoir, Rik s'agenouilla devant moi et pris mes mains dans les siennes. Mon regard croisa le sien.

- "On y arrivera, ensemble on peut tout faire. Je t'accompagnerai à chaque étape. C'est promis."

Je secouai la tête en signe d'approbation. C'est fou la place qu'il a prise dans mon cœur en seulement quelques semaines.

- "On va se concentrer sur ta magie à partir de maintenant. Après tout si tu veux intégrer le lycée il va falloir convaincre ta mère que tu es capable de te maîtriser."

- "Tu as raison."

Durant les semaines qui ont suivi cette conversation, nous nous entraînions tous les jours. Et pour tout dire, il y a eu pas mal d'accident. Mes pouvoirs étant liés à mes émotions, il y a eu des hauts et des bas.

Quand Rik estima que j'étais prête, il décida d'avoir une conversation avec ma mère afin de la convaincre de me laisser étudier au lycée.

J'attendis ce qui me sembla des heures avant que le verdict ne tombe. Rik sortit du salon avec son petit sourire en coin à faire craquer n'importe qui.

- "C'est bon ?!" mon ton était plus pressant que je ne le pensais.

- "Oui mais uniquement si je m'inscris également pour veiller sur toi."

- "Oh. Et ça te dérangerais ?"

- "Quoi ? Pouvoir passer du temps avec toi hors de la maison ? Tu plaisantes ?! Je vais nous inscrire de suite. Je pense qu'avec un don généreux, nous pourrons commencer les cours dès demain."

J'étais tellement heureuse que je le pris dans mes bras.

- "Merci, merci, merci. Oh ! il faut que je revoie toute ma garde-robe. Maman !!!!!!!"

- "Qu'est-ce qu'il y a ma chérie ?"

- "Avant tout, je ne sais pas comment te remercier, je te jure que je ne te décevrais pas."

- "Je n'en doute pas ma puce, sinon je ne t'aurais pas laissé faire tes preuves. Sinon, qu'est-ce que tu veux réellement me dire ?"

Elle me connaît si bien.

Je pris le ton le plus mielleux et lui fit mes yeux de chien battu (regard auquel elle ne résiste pas).

- "Ne crois-tu pas que ce nouveau départ ne mériterait pas une nouvelle garde-robe ?"

Ma mère et Rik me regardais avec amusement.

- "Et bien, oui je pense que tu as raison. Rik qu'est-ce que tu veux faire, tu viens avec nous ou tu restes ici ?"

J'espérais secrètement qu'il viendrait avec nous, son avis comptant énormément pour moi.

- "Je pense qu'il vaut mieux que je vous laisse profiter de ce moment mère-fille. Et j'espère que j'aurais droit à un défilé quand vous rentrerez."

- " Bien. Ma petite maman, c'est juste toi et moi. On y va ?"

- "C'est parti."

Tout le reste de la journée, nous avons couru les boutiques. Je ne me souviens pas de la dernière fois que ma mère et moi avons passé un moment si ordinaire. Le soir venu, nous sommes rentrées à la maison les bras chargés de sacs, et uniquement pour moi. Bon, en secret j'avais acheté un collier à ma mère, un joli pendentif sur lequel j'ai fait graver le symbole de notre famille. Quand je lui offris, ses yeux reflétaient toute l'émotion qu'elle ressentait en cet instant.

- "Ah enfin, j'ai attendu ce moment toute la journée. Alors ces achats ?"

- "Maman, on peut aller dans ma chambre que je lui montre ?"

- "Ok."

C'est l'avantage d'avoir la salle de bain attenante à sa chambre.

Pour se mettre dans l'ambiance, Rik nous a mis de la musique et je m'amusais à jouer les tops model le temps d'un défilé. Je ne m'étais jamais sentie aussi "normale" de toute ma vie et j'étais heureuse, Rik approuvait chacun de mes achats.

Après ce moment de légèreté, nous avons décidé de nous faire livrer une pizza histoire de fêter notre entrée au lycée.

Et voilà, c'est comme ça que je suis devenue "la nouvelle" du lycée John Evergreen de Penntown.