Chapitre 2

Premier jour

Arriver dans un nouvel établissement en cours d'année n'est jamais chose facile. Heureusement, Rik était avec moi.

Mon premier jour au lycée fut loin de passer inaperçu. En arrivant dans le couloir principal, tous les regards se sont braqués sur moi et mon acolyte.

- "Tu fais déjà tourner les têtes.", Rik m'avait chuchoté cette phrase sur le ton de la plaisanterie mais son regard laissait transparaître un sentiment que je n'arrivais pas à distinguer.

- "Je pense que tu fais erreur, c'est toi que tout le monde regarde, ce groupe de filles là-bas, te dévore des yeux."

Rik leva les yeux au ciel en rigolant. Il posa son bras sur mes épaules, sans doute pour stopper les gloussements de toutes ces filles ce qui m'attira des regards noirs. A vrai dire, je les comprends. Il faut dire qu'il est d'une beauté hallucinante (chose que je ne lui ai jamais dite, cela va de soi). Ce jeune homme à mes côtés est grand, musclé, ses cheveux brun coupés courts et son teint pâle font ressortir ses yeux bleu clair presque translucides. Les autres garçons paraissent bien fades comparé à lui.

- "On est arrivés princesse."

J'étais tellement absorbé par mes pensées, que je n'avais pas remarqué qu'il nous avait conduit jusqu'à la salle de notre première heure de cours.

- "C'est là que tu m'abandonnes."

Cette phrase sembla le choquer car il plongea son regard dans le mien.

- "Jamais je ne t'abandonnerai.", dit-il avec sérieux.

Sur ce, à mon grand étonnement, il déposa un baiser sur le front et me donna rendez-vous à l'heure du déjeuner.

Les cours de la matinée défilèrent d'une manière que je qualifierais de lente. Histoire du monde, biologie avancée, chimie, toutes ses matières avaient beau me passionner, j'avais hâte de voir 12 heures s'afficher sur l'horloge. Le geste de Rik m'avait troublé toute la matinée.

Enfin la sonnerie retentie et je fus surprise de trouver Rik en train de m'attendre à la sortie de la classe.

- "Qu'est-ce que tu fais là ?", lui demandais-je avec un sourire gêné.

Au moment où il allait me répondre, un groupe de filles du genre filles à papa débarquèrent.

- "Rik, tu viens déjeuner avec nous ?"

La rousse de la bande s'était exprimée d'une voix mielleuse en lui faisant les yeux doux.

- "Désolé, Sonya, j'ai déjà un truc de prévu."

- "Avec qui, cette fille ?" ces derniers mots sont sortis avec un tel mépris dans la voix que je sentis mon sang bouillir intérieurement.

Non mais pour qui elle se prend celle-là ?! Des picotements dans les doigts commençaient à apparaître, mes yeux viraient au bleu, Rik s'en aperçu et prit ma main. Son contact m'apaisa immédiatement et je repris mon calme.

En revanche, lui c'était tout autre chose. Je ne l'avais jamais vu ainsi, aussi menaçant.

- "Cette fille s'appelle Théa. Ne t'avise pas de lui manquer de respect, où je te jure que ton papa ne pourra rien pour toi."

Amalrik m'entraîna à sa suite en laissant Sonya et ses amies bouches bée et indignées.

- "Où va-t-on ?"

- "Déjeuner, c'est ce qui était prévu non ?"

- "En effet."

A notre arrivée, le réfectoire était bondé. Nous réussîmes à trouver une table un peu isolée des autres. Nos deux plateaux posés devant nous, j'étais fascinée par l'ambiance qui régnait. Tous ces jeunes regroupés en clans, les sportifs d'un côté, les intellos de l'autre. A quelques tables de nous, se trouvait la clique de Sonya. Ces filles m'horripilaient, elles discutaient et riaient en regardant vers nous.

- "Tu crois qu'elles se disent quoi ?" demandais-je à Rik en faisant un signe de tête en direction des filles.

- "Elles ? Je pense qu'elles se demandent comment une fille aussi belle, intelligente et cool que toi peut ne pas avoir déjà tous les garçons à ses pieds."

J'éclatais de rire.

- "N'importe quoi. Non mais sérieusement."

- "Je suis sérieux. En tout cas, moi je me le demande."

Je décidais de rentrer dans son jeu.

- "Pff. Tu veux vraiment savoir ?"

- "Bien sûr, éclaire ma lanterne."

- "Et bien peut-être que les garçons de ce lycée ne me branchent pas. Ou alors peut-être que j'ai quelqu'un qui m'intéresse mais que celui-ci ne me remarque même pas."

- "Et comment pourrait-il ne pas te remarquer ?"

- "Va savoir, les mecs sont tellement compliqués paraît-il. Et toi alors, comment se fait-il que tu ne sois pas déjà en train de choisir une des nombreuses filles qui te dévorent des yeux."

Au moment où Rik allait répondre, un gars de l'équipe de foot s'approcha de notre table.

- "Salut." Il me fixait d'un drôle d'air.

Rik se crispa immédiatement.

- "Je m'appelle Kris. Ton mec s'est permis de menacer ma copine tout à l'heure."

Il désigna la table de Sonya.

- "Qui ça ? Sonya ? C'est elle qui a commencé."

- "Je m'en moque." Il se pencha et posa les deux mains sur notre table. Il fixa Rik un instant avant de reprendre la parole. "Si jamais tu t'avises, ne serait-ce de la regarder, je te ferais passer le pire moment de ta misérable existence. Tu n'es personne ici."

Tandis que je sentais mon sang bouillir, Rik me fit signe de ne pas réagir.

- "Tu ferais bien de surveiller ta copine, car quand tu n'es pas dans les parages, elle a tendance à vouloir aller voir ailleurs."

Kris perdit le peu de calme qu'il avait et attrapa Rik par le col de son t-shirt.

- "Écoute moi bien espèce d'abruti. Parle encore de cette manière de Sonya et je te jure que tu le regretteras et tu vois ta copine ici présente, je lui ferais des choses que tu ne pourras imaginer."

Il venait de franchir la ligne qu'il n'aurait pas dû. Rik se leva et plaqua Kris au sol. Il serrait son cou dans ses mains. Kris suffoquait et moi j'étais choqué par la réaction de Rik que je n'attendais pas si violente.

- "Essaie à nouveau de menacer Théa et je tue de mes propres mains. Jamais tu ne reparleras d'elle ni ne prononcera son nom. Ne pense pas à elle, ne la regarde pas."

Il était tellement menaçant que j'aurais pu avoir peur si je ne le connaissais pas.

Il relâcha Kris qui retourna vers son groupe de potes qui s'étaient levés prêts à intervenir si Rik ne l'avait pas lâché.

Rik se rassit en face de moi.

- "Je suis désolé que tu ais assisté à ça. Je ne voulais pas que tu me voies comme quelqu'un de violent mais il ne pouvait pas te menacer en toute impunité."

- "Je sais qui tu es et ce dont tu es capable. Je ne pensais juste pas que tu te permettrais de le faire devant tout le monde."

Au vu de son expression, j'en déduis qu'il avait complètement oublié l'endroit où nous étions.

- "Excuse-moi, je n'aurais pas dû risquer de nous exposer."

- "Ce n'est pas ce qui m'inquiète."

- "Alors quoi ? Tu aurais préféré que je ne réagisse pas ?"

- "Non, je m'interroge juste sur la raison de ta réaction si violente, hormis le fait qu'il m'ait menacé, il n'avait encore rien fait. Et tu sais que je peux me débrouiller, après tout je suis plus puissante que toi."

Ma petite note d'humour sur la fin n'eut pas l'effet escompté.

- "Je pense que l'on devrait attendre d'être rentrés pour en parler."

- "Comme tu veux."

L'après-midi se déroula calmement. Littérature, sciences politiques et la seule matière que ma mère ne m'avait pas imposé, histoire des arts.

A la sortie de mon dernier cours, Rik était absent. J'attendis jusqu'à ce que le couloir soit vide. Voyant qu'il n'arrivait pas, je me dirigeai vers le parking que je trouvai désert. Notre voiture était toujours garée là où nous l'avions laissé ce matin. Je commençais à m'inquiéter, Rik ne serait pas partit en me laissant seule. Je tentai de le joindre mais sans succès. La panique me gagna. Et s'il lui était arrivé quelque chose ? Concentres-toi Théa. Je fermai les yeux et centra mes pensées sur Rik. Où es-tu ?

Après plusieurs minutes d'effort, la connexion se fit. Il était enfermé, l'obscurité ne laissait place à aucun indice.

- "Rik, qu'est-ce qui se passe ?"

- "C'est la bande de Kris, ils me sont tombés dessus à la sortie des cours. Tu dois rentrer te mettre en sécurité, je me débrouillerais."

- "Non, hors de question que je te laisse seul."

- "Théa, fait ce que je te dis."

Je croyais qu'il me connaissait mieux que ça, comment je pourrais le laisser en détresse ?

Je fis appel à toute ma concentration pour le localiser. Je finis par y arriver et suivi cette force qui m'animait. J'arrivais au niveau des vestiaires de foot, comme par hasard.

Je me mis à fouiller chaque recoin jusqu'à arriver devant le casier de Kris. Là, une décharge électrique qui m'étais inconnue me parcouru le corps et je me retrouvai allongée au sol.

Kris, Sonya et leur bande se tenait debout autour de moi.

- "Tu en a mis du temps." Sonya semblait jubiler. Ils sortirent Rik du casier de Kris et le retenait de toute leur force.

- "THEA !!!" Rik se débattait pour m'atteindre pendant que les autres s'acharnaient sur moi.

Je sentais leurs coups de pieds sur tout mon corps et me concentrais pour que ma magie ne se réveille pas et ne provoque une catastrophe.

- "LÂCHEZ-LA, JE JURE QUE JE VAIS TOUS VOUS TUER."

Après plusieurs minutes, les coups cessèrent. Mon corps était engourdi, je ne ressentais plus rien.

- "Vous y réfléchirez à deux fois maintenant avant de vous en prendre à nous."

La bande de Kris et Sonya relâchèrent Rik qui se précipita vers moi et s'en allèrent en riant.

- "Théa, pardon. Regarde-moi."

- "Rik, ça va ?"

- "Je vais les tuer." Il commençait à se relever.

- "Non, reste avec moi." Il se rabaissa à mes côtés. "Ramène-moi à la maison s'il te plaît."

J'essayai de me lever mais mon corps se relâcha sous la douleur.

- "Attends, laisse-moi t'aider."

Il me prit dans ses bras et me porta jusqu'à la voiture. Je me sentais en sécurité près de lui. Une fois installée, Rik s'assit derrière le volant et alluma le contact de la voiture. Cependant, il ne démarra pas. Ses mains tremblaient et des larmes coulaient sur ses joues. Le voir ainsi me brisa le cœur et malgré la douleur que je ressentais, je me tournai vers lui et le força à me regarder.

- "Je t'en prie ne pleure pas. Tout ça n'est pas ta faute. Je vais bien."

- "Je ne mérite pas d'être ton protecteur. Une seule journée dans le monde et tu te fais agresser sans que je puisse te défendre."

- "Tu m'avais prévenue de ne pas venir te chercher alors s'il y a quelqu'un à blâmer, c'est moi."

Il plongea ses grands yeux bleus dans les miens.

- "Pourquoi es-tu venue ?"

- "Parce que je ne pouvais pas t'abandonner. Tu comptes trop pour moi et je ne prendrais pas le risque de te perdre."

Sans contrôler mon corps, je me penchai vers lui et déposa un baiser au coin de sa bouche.

- "Désolée."

- "Pas moi." Il me sourit tendrement. " Attache ta ceinture."

Il nous ramena à la maison en conduisant prudemment.

Arrivés devant le portail, il stoppa le moteur et sortit pour ouvrir ma portière. Il me prit dans ses bras et me porta jusqu'à la porte d'entrée.

- "Tu n'étais pas obligé."

- "Je ne prendrais plus aucun risque."

- "Dis, tu veux bien que ce qui s'est passé au lycée reste entre nous ? Si ma mère le savait, elle ne voudrait plus que j'y retourne."

Il prit une grande inspiration avant de me répondre.

- "D'accord, mais à partir de demain, je m'inscris dans ta classe. On ne se quitte plus d'une semelle."

- "Si tu veux."

Une fois rentrés, il m'accompagna jusqu'à ma chambre.

- "Je vais aller me reposer, d'accord ?"

- "Ok. Si tu as besoin de quelque chose tu m'appelles."

Je lui souris et entra dans ma chambre. A l'abris de son regard, je me laissais aller et la douleur que j'avais réussi à cacher jusque-là me submergea. J'éclatais en sanglots. Je me rendis dans ma salle de bain et retira mes vêtements. Mon corps était couvert d'hématomes et j'avais saigné à quelques endroits. Pendant que mon bain coulait, je désinfectais mes plaies puis plongea dans l'eau chaude afin d'atténuer la douleur.

Je restai un long moment à me refaire la journée et pour comprendre comment ça avait pu déraper aussi rapidement quand on toqua à ma porte.

- "Théa ? c'est moi, je peux rentrer ?"

- "Attend, je sors." Je me dépêchai d'enfiler mon peignoir avant d'aller ouvrir.

- "Rik, ça va ?"

Il était figé devant moi et regardait les parties de mon corps non cachées. Je regardais et vis avec stupeur que des bleus étaient encore apparents.

- "Ce n'est rien, ne t'en fais pas, ça va disparaître."

Il s'approcha de moi, tout doucement, pris mon visage entre ses mains et déposa un baiser sur ma bouche. Une vague de chaleur envahi mon corps.

- "Désolé, j'aurais dû te demander avant."

- "Ne le sois pas. Je suis heureuse que tu l'as fait."

Son regard exprimait la tendresse, la culpabilité et l'inquiétude qu'il éprouvait en cet instant.

- "Pourquoi tu ne m'as rien dit pour ces blessures ?"

Je ne pus retenir les larmes qui menaçaient de couler.

- "Je ne voulais pas que tu te sentes coupable. Je peux assumer la douleur et les blessures mais je ne veux pas que tu te flagelles pour ce qui vient de se passer."

- "Tu es tout ce que j'ai dans la vie et plus jamais je ne laisserai qui que ce soit te faire du mal par ma faute."

Je le pris dans mes bras et j'avais bien l'intention de ne plus le lâcher seulement mes jambes fléchirent sous le poids de la fatigue. Rik me retint et m'emmena jusque mon lit où je m'assis. Il se dirigea vers mon armoire et en sortit un pyjama qu'il me tendit. Il se retourna le temps que je me change.

- "Je vais te laisser dormir."

- "Non, reste s'il te plaît. Tu veux bien rester près de moi cette nuit ?"

- "Bien sûr."

Il s'allongea près de moi et je me blottis contre lui. Dans ces bras, toute la douleur et la souffrance que je ressentais disparurent. Apaisée, je fermai les yeux et m'endormis en toute sérénité.

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